Dans l’optique de la conférence que nous organiserons à l’Université du Maine (Le Mans) en octobre prochain, sur les élections présidentielles américaines, et afin de vous faire découvrir notre nouvelle rubrique intitulée « Les Chroniques du Cinéma », nous vous proposons de découvrir un film qui nous plonge dans la dure réalité de la vie politique américaine, Les marches du pouvoir (The Ides of March), réalisé par George Clooney et sorti en octobre 2011.

Stephen Meyers (joué par Ryan Gosling, vu récemment dans l’immense Drive de Nicolas Winding Refn) est un jeune expert de la communication politique. Il travaille depuis peu dans le staff du Gouverneur Mike Morris (interprété par George Clooney), en lice pour décrocher l’investiture démocrate à la présidentielle américaine. Jeune idéaliste, il fait de son mieux pour faire gagner celui qu’il considère comme un potentiel « bon » président. Les manipulations, les manœuvres politiques douteuses et les scandales vont changer Stephen.

Pour sa quatrième réalisation, George Clooney revient à ses premières amours, le film politique, après le fabuleux Good Night and Good Luck, sorti quelques années auparavant. Ce film, grandement inspiré de la vie d’Howard Dean, ancien Gouverneur démocrate du Vermont, nous plonge dans les entrailles d’une campagne présidentielle américaine. Stephen doit faire face aux multiples coups bas de ses adversaires, prêts à tout pour le débaucher ou à discréditer Morris, alors que le scrutin pour remporter les voix des grands électeurs de l’Ohio s’annonce plus difficile que jamais. Face aux manœuvres internes menées par un directeur de campagne manipulateur (immense Philip Seymour Hoffman), Stephen finit par trouver refuge dans les bras de la jeune Molly (Evan Rachel Wood), stagiaire qui ne le laisse pas indifférent, conscient que cette liaison peut devenir une arme dans les mains de ses ennemis.

Bande-annonce

 Clooney nous livre ici une peinture bien peu glorieuse de la vie politique américaine, où le cynisme et l’immoralité sont omniprésents. Bien plus qu’un film politique, Les Marches du pouvoir parle avant tout de morale. Comme le réalisateur l’avait d’ailleurs justement dit: « Mon but n’était pas de donner un cours d’instruction civique! Ce n’est pas un film sur la politique. Elle sert de toile de fond, mais cela pourrait tout aussi bien se passer à Hollywood ou à Wall Street. Il est d’abord question de moralité. De loyauté et d’éthique. De trahisons et d’idéalisme. Doit-on vendre ou refuser de vendre son âme pour parvenir à ses fins? Autant de thèmes universels ». Le spectateur assiste à une lente transformation de Stephen. Du jeune conseiller idéaliste, il va vite devenir comme ses pères, un calculateur sans scrupules. Morris, pourtant symbole du candidat au pedigree impeccable, nous expose peu à peu ses faiblesses, nous montrant ainsi, qu’un bon candidat ne fait pas toujours un bon Président. Est-ce là une allusion au Président Obama, dont Clooney avait été l’un des fervents partisans en 2008, avant de se montrer quelque peu déçu par sa politique ?

Vous l’aurez compris, Les Marches du pouvoir est un film qui colle au plus près de l’actualité, sans doute trop d’ailleurs. Face à d’autres films abordant le sujet de façon plus décalée (comme avec Mike Nichols dans Primary Colors, qui abordait avec une dérision plus que jouissive la campagne de Clinton en 1992), Clooney fait ici preuve d’un classicisme légèrement ennuyeux par moment. Sans doute une petite pointe de folie aurait donnée au film ce léger plus qui lui manque pour nous embarquer totalement dans son histoire.

Matthias Michel, Vice-Président



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